[INFO] Les agents : rémunération, fonctionnement...

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Corsica
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[INFO] Les agents : rémunération, fonctionnement...

Message da Corsica »

Interview intéressante sur le fonctionnement des agents dans le football pro : https://www.pkfoot.com/interviews/les-a ... t-francais

L'auteur est reconnu pour son travail : ça donne quelques pistes intéressantes pour comprendre comment fonctionne ce milieu.
Le socio-historien Stanislas Frenkiel remet en cause les clichés sur l'univers des agents… tout en exposant les (nombreuses) zones d'ombre d'une profession synonyme de magouilles pour beaucoup d'amateurs du football. Deux chiffres pour démontrer grandissante l'importance des agents dans le football français. Leurs commissions étaient de 60 M€ en 2011-12 en L1 contre 40 M€ un an avant. Rappelant l'histoire de la création de ce métier, le chercheur s'appuie sur une multitude – et c'est un euphémisme – de sources (livres, articles de presse) pour expliquer cette tendance et dessiner le panorama des agents dans le foot français. Un travail de référencement et d'analyse colossal qui précède le bouquet final de l'étude : la présentation de 13 agents interrogés par l'auteur. Ceux-ci livrent les clés de la réussite dans ce milieu : la constitution d'un réseau et d'un portefeuille de joueurs, cibler sa clientèle, prospecter sur les stades, convaincre la famille, travailler en partenariat. Les agents en décrivent aussi les travers : leur concurrence et les pratiques illégales, la gestion de l'entourage des joueurs, la méfiance envers leurs syndicats…
Dans son ouvrage, Stanislas Frenkiel n'omet évidemment pas de parler des inégalités entre les agents – 83 agences gèrent la moitié des joueurs des 5 plus grands championnats – et de l'influence de quelques agents célèbres comme Jean-Pierre Bernès ou Alain Migliaccio. Des pointures qui pèsent toutefois peu face à la concurrence grandissante d'agents étrangers omniprésents comme Jorge Mendes (Ronaldo, James Rodriguez, Mourinho…) et Mino Raiola (Zlatan, Matuidi, Balotelli…). Sans oublier de parler des fils/frères/ de, comme le fils de Rolland Courbis qui gère Eto'o, Lloris, Amalfitano, Capoue, Carrasso…
L'auteur évoque aussi l'évolution législative et juridique du milieu, la difficile obtention du titre d'agent FFF (500 candidats en 2013, 15% de réussite), la guéguerre entre les présidents de clubs et les syndicats d'agents accusés d'être responsables de l'inflation des salaires…

Vous avez visiblement lu énormément sur le sujet des agents en France mais vous précisez qu'il a été difficile de réussir à les interroger directement. Ce milieu est-il encore si obscur ?

J'espère qu'à la lecture de mon travail, ce milieu le sera moins ! En réalité, le milieu des agents n'est pas obscur : il est secret, fantasmé et mérite que l'on l'étudie. Ce sont les agents qui sont désormais au cœur des migrations sportives internationales dans un marché qui génère plusieurs milliards d'euros par an. Les plus influents ont pris le pouvoir sur les Présidents de clubs. Il est vrai que percer les secrets de ce milieu m'a pris plusieurs années : analyse des principaux périodiques généralistes et sportifs francophones, lecture d'une centaine de biographies et d'autobiographies de footballeurs professionnels, recoupement d'archives du ministère de la Jeunesse et des Sports de l'UEFA et de la FIFA… Autant le reconnaître, l'accès aux agents a été problématique. J'ai pris la liste des 334 agents agréés par la FFF (Fédération Française de Football) en 2013, liste accessible sur le site Internet de la FFF et les ai tous contactés. D'innombrables appels téléphoniques et relances électroniques sont restés sans réponse. J'exprime de la gratitude aux 13 agents sportifs, toutes générations confondues, qui m'ont patiemment expliqué comment se structure et fonctionne leur milieu. Parmi eux, une pensée pour Philippe Flavier (Lionel Charbonnier, Franck Leboeuf, Emmanuel Petit), Stéphane Canard (Vincent Candela, Stéphane Dalmat, Laurent Koscielny), Bruno Satin (Edouard Cissé, Bernard Mendy, Louis Saha), Patrick Glanz (Stéphane Ruffier) et Laurent Gustmuth (Bacary Sagna).

Qu'en est-il des joueurs ? S'expriment-ils sur leurs agents ?

Mon livre s'appuie aussi sur des témoignages de footballeurs professionnels. Lors de mes recherches universitaires précédentes sur l'histoire des footballeurs algériens et camerounais en France, j'ai eu la chance d'en interrroger presque 70. Inévitablement, la question des intermédiaires était soulevée. Dans l'ouvrage, je cite d'ailleurs les propos de Joseph-Antoine Bell et de Roger Milla. Les joueurs ne sont pas oubliés dans ce livre mais j'ai voulu donner -enfin- la parole aux agents sportifs !

Les agents semblent être des équilibristes qui fluctuent entre leurs intérêts et ceux leurs joueurs, notamment en matière de gestion de carrière et de rémunération ?

À la fois conseiller, porte-parole et parfois confident, l'agent du sportif est payé en principe par un pourcentage -entre 6 et 10 %- de la rémunération brute annuelle du joueur indiquée dans son nouveau contrat dont il a négocié les termes (durée, salaire et primes). Mais en raison notamment d'arguments fiscaux, ce sont les clubs qui rémunèrent les agents qui conseillent les joueurs. Afin d'être payés et éviter tout conflit d'intérêts, les agents ne s'engagent pas officiellement avec les joueurs qu'ils représentent. Le business se fait à la parole. Cela contribue au démarchage des joueurs par des agents rivaux et à une forte concurrence dans le milieu. Cette pratique est aussi porteuse d'un risque important de conflit d'intérêts dans la mesure où les agents sont censés protéger les intérêts des joueurs alors qu'ils sont payés par les clubs, ce qui peut les pousser à favoriser les seconds au détriment des premiers. Certains agents, les plus influents, ont une mission de prospection et de reclassement des joueurs pour les clubs. Mandaté par un club acheteur ou vendeur, l'agent est alors rétribué par une somme forfaitaire ou un pourcentage du montant du transfert. Depuis 2010, cet intéressement au transfert est plafonné à 10 %.

La France est le cinquième pays européen au nombre d'agents (338). Est-ce en rapport avec la place du football français ou plutôt une question de qualification et de niveau en langues ?

Il me semble que c'est tout d'abord une question d'Histoire. Ensuite, dans un milieu où la maîtrise des langues étrangères est indispensable pour créer de nouvelles opportunités internationales, on doit évidemment prendre en compte le niveau de qualification assez bas des agents français. Mais en réalité, ce n'est pas tant le nombre d'agents sportifs qui compte mais le nombre d'intermédiaires sportifs. En France, en 2014, il y 338 agents FFF, certes, mais on retiendra l'existence de trois fois plus d'intermédiaires en tous genres, plus ou moins fiables : journalistes, supporters, avocats, joueurs et leurs familles, entraîneurs, recruteurs ou encore présidents de clubs et même sélectionneurs nationaux… A juste titre, la profession se sent menacée. Ce n'est pas prêt de s'arranger avec l'application le 1er avril 2015 du nouveau règlement FIFA sur la « collaboration avec les intermédiaires ». La licence d'agent sera ainsi supprimée et il y aura potentiellement 60 millions d'intermédiaires sportifs en France. Il a été décidé que ce règlement FIFA ne pourra pas s'appliquer en France les cinq prochaines années. Ouf de soulagement pour les agents français ! Mais après ? Et quid de la cinquantaine d'agents sportifs étrangers dont la présence a explosé ces dernières années ?

59 % des agents ont une autre fonction (juridique, finance, joueur, recruteur ou même journaliste). Est-ce une question de réseau et de pouvoir ou de précarité ?

De précarité ! Très clairement ! J'ai coutume de dire que Jerry Maguire est un agent sportif riche, beau et célèbre. Mais c'est un personnage de fiction, interprété par Tom Cruise. Se glisser dans la peau d'un agent FFF en 2014, c'est d'abord remettre en cause certains clichés comme la panoplie « chaussures en crocodile, cigare et grosse voiture de luxe ». Être agent, c'est aussi accepter la solitude et l'ingratitude des autorités et des footballeurs peu reconnaissants du travail effectué. Pour la majorité d'entre eux, il faut affronter la précarité dans un marché concentré. Pour la majorité, même s'il est peu valorisant de l'afficher, ils ont un second travail : éducateur sportif, instituteur, banquier, assureur, garagiste… Certains agents au bas de l'échelle peinent à joindre les deux bouts. Les discours sur la difficulté de vivre de cette profession sont récurrents. En moyenne, il faut entre trois et cinq ans à un agent pour commencer à gagner sa vie grâce au football. Comme dans toute activité d'intermédiation et de représentation, les questions de confiance et de crédibilité s'avèrent cruciales. Et puis le milieu est conservateur : il intègre peu de femmes (3 %), d'anciens footballeurs d'élite et de personnes issues de l'immigration. Autrement dit, une fois la licence obtenue après un sélectif examen, le plus dur démarre…

Certains agents de joueurs sont aussi ceux d'entraîneurs, voire organisent également des matchs, quels risques en découlent ?

L'exercice de l'activité d'agents d'entraîneurs est autorisé par la loi n° 2010-626 du 9 juin 2010. De nos jours, seuls les agents les plus influents font partie de cette caste. Quelques exemples ? Jean-Pierre Bernès (Laurent Blanc, Didier Deschamps, Christophe Galtier et Alain Perrin), Stéphane Canard (Raymond Domenech) et Thierry Gras (Guy Lacombe). Il y a aussi l'ancien footballeur professionnel Jean-Christophe Cano (Jean Fernandez et Claude Puel), l'agent d'André-Pierre Gignac qui est titulaire d'une licence comorienne et qui fait la une de l'actualité. Quant aux agents de matchs, 251 (dont 25 Français) sont affiliés à la FIFA en 2014. En général, les agents de joueurs et les agents de matchs ne se mélangent pas. Evidemment, il peut y avoir des conflits d'intérêts : un agent pourrait dicter ses choix à un entraîneur à la lueur de ses contrats avec des joueurs. En France, Jean-Pierre Bernès a été dans le viseur récemment de l'Union des Agents Sportifs de Football, l'un des deux syndicats créé en 2002. A cette heure, aucun conflit d'intérêt n'a été officiellement avéré ni démontré. Jorge Mendes, lui, est l'agent des trois derniers sélectionneurs nationaux portugais. Lors de l'Euro 2012, on retrouve 17 joueurs de son écurie Gestifute sous le maillot portugais. C'est intriguant, non ? D'autres pratiques souterraines existent. Certains dirigeants de clubs sont « maqués » avec des agents : quand un jeune joueur du centre de formation souhaite devenir professionnel, on lui fait alors comprendre qu'il doit obligatoirement signer un mandat de médiation avec l'agent x ou y. Les rétro-commissions sont légion dans ce milieu endogame. Cette situation est hallucinante : on voit parfois des avocats sollicités par des familles de jeunes pour négocier la durée non pas d'un contrat avec un club mais d'un mandat de médiation avec l'agent complice du club ! Il arrive que les familles de joueurs et certains entraîneurs veulent leurs intéressements sur les indemnités des agents sportifs. Ce qui est également inquiétant, vous le savez, c'est la prolifération des propriétés tierces dans le football. Le phénomène, répandu en Amérique latine et en Europe, inquiète la FIFA mais épargne globalement le football français. Jusqu'à quand ?

Peut-on encore aimer le foot quand on enquête sur ses dérives et avez-vous d'autres projets d'études liés au football ?

Oh que oui ! Pour être clair, j'ai pris un parti dans l'écriture… Celui de ne pas me focaliser sur les « affaires des agents »… Il y a d'ailleurs de très bons ouvrages de journalistes d'investigation à ce sujet… Les feuilletons peu glorieux des agents, dénoncés récemment par le Président de l'OM Vincent Labrune à sa sortie de garde à vue, leurs jongleries comptables ont été largement identifiés. Inutile de s'appesantir sur leurs « affaires ». Les irrégularités et polémiques font partie de l'histoire de la profession mais ne peuvent en aucun cas la résumer. Comme dans tout milieu, il y a des scandales mais il y a aussi des « professionnels » qui cherchent à bien faire leur travail. Quant à mes projets, ils sont nombreux. J'envisage par exemple de creuser la question des liens entre les agents artistiques et le football professionnel. Saviez-vous qu'en France, Bernard Généstar, l'imprésario de Claude François, Coluche et Michel Sardou, inventait le métier d'agent sportif en 1979 ? Eh oui ! Il prenait en main les affaires d'un certain Michel Platini… L'agent de Luis Fernandez en 1986 -et de Zinédine Zidane jusqu'en 1992- n'est autre que Charley Marouani, issu d'un des grands clans du show-business… Parallèlement à ces recherches, je continue à animer en milieu carcéral des conférences-débats sur le sport. La « culture sportive » ne se trouve pas seulement dans les écoles, les universités et les stades mais aussi dans les prisons. Et cela me passionne !
Mettite capate, schjaffe, pattone o calci, cume vulete... ma ghjucate, pè piacè.
CI VOLE A MUGHJÀ' E MINA' PÈ' U SPORTING !!
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